Il y a un mystère chez Elodie qui me touche. Un mélange de douceur, de fragilité et tout à la fois une grande force en elle, qu’elle ne soupçonne peut-être pas elle-même. Lorsque soudain elle apparaît à l’écran, les deux facettes s’affrontent, se téléscopent sans qu’il soit possible alors de distinguer l’une de l’autre comme si cette force s’enrichissait de douceur ou bien la fragilité se nourrissait de puissance. Sa mélancolie vient de là, de cette faculté d’alternance. Tantôt petit oiseau perdu tantôt soleil autour duquel le monde tourne. J’aime cet œil qui brille, cette peur contrôlée, ce rire franc, ce jugement qu’elle porte sur elle-même, souvent sévère et implacable, cette réserve qui soudain se transforme en bouffée d’exubérance. Elodie colle au film, tantôt rire tantôt tristesse, entre pudeur et fulgurance. S’il fallait la définir par un objet, elle serait un nuancier de couleurs, ou une demi-saison. Autant de promesses discrètes mais implacables. Qui explosent soudain avec une vigueur insoupçonnée.
Je retrouve enfin Sara. Après l’expérience des « Amateurs » je me sentais frustré. Frustré de disposer d’un talent pur que je n’utilisais pas assez. Son personnage ne le permettait pas. L’histoire non plus, car elle n’apparaissait que dans le regard des deux garçons joués par Lorant Deutsch et Jalil Lespert. Je m’étais alors promis d’écrire un scénario dans lequel enfin je puisse faire parler des femmes à différentes périodes de leur vie. Pas une seule seconde je n’ai pensé à quelqu’un d’autre pour le rôle qu’elle interprète. D’ailleurs je lui ai donné son prénom. Et que l’on ne me parle pas de comédienne noire ou blanche, de couleur de peau et autres conneries. Je voulais enfin pour Sara un rôle de jeune femme un peu perdue et maladroite dans la vie comme dans ses sentiments, Mais pas le rôle d’une jeune femme noire ! on se fout de tout ça ! Ce qui permet d’ailleurs à l’histoire de nous réserver quelques surprises ! Sara est une très belle femme, mais c’est d’abord une comédienne hors pair ! Bon, bien sûr on sent le réalisateur qui parle derrière tout ça, vous allez me dire évidemment il ne va pas dire le contraire ! Mais après tout là-dessus, je suis assez tranquille ! Vous verrez bien. Et puis je préfère le dire avant le film. L’annoncer : Attention les filles, Sara déboule dans la cour des grandes.
Et puis Sara est la douceur même, une fille formidable et irrésistible à qui je souhaite tout le bonheur du monde. Sauf de me battre au poker. Sauf ça, Sara.
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