Et nous lui avons montré les endroits précis où nous avons placé sa musique. Un travail minutieux commence pour lui : Il lui faut caler les débuts et les fins, parfois rallonger les morceaux, parfois les raccourcir, développer certains thèmes. Avec cette ligne directrice que je lui ai fixée : La musique ne sert que le sentiment intérieur des personnages, jamais l'action. Et plutôt que souligner le sentiment, l'accompagner. Je n'aime pas qu'une musique ne fasse que décrire ou bien redire ce que le spectateur voit déjà. Il me semble qu'elle n'a pas vocation à cela. En tout cas pas dans ce film. Au fait le titre provisoire pour l'étranger est "By the way…" J'aime plutôt pas mal. Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
"La musique ne sert que le sentiment intérieur des personnages, jamais l'action. Et plutôt que souligner le sentiment, l'accompagner. Je n'aime pas qu'une musique ne fasse que décrire ou bien redire ce que le spectateur voit déjà. Il me semble qu'elle n'a pas vocation à cela".
Bonjour,
Perso, je pense que c'est un choix propre au réalisateur.
Pour ma part, je pense qu'une musique sur un film doit jouer sur plusieurs tableaux.
Elle est là pour souligner certaines scènes d'un film.
Elle prolonge les sentiments:
-de peur,
-d'amour,
-de tristesse,
-etc...
Mais elle ne doit pas faire que celà. Elle doit souligner les moments forts comme une scène d'action, de cette manière, elle entraine le spectateur dans un déluge d'émotion...
Après, soit on choisi la sobriété, soit le sensationnel.
Dans tout les cas, tout est bon.
Je dis ça en temps que compositeur, donc ça n'engage que moi ;-)
Rédigé par : Ancelin Franck | 25 septembre 2006 à 02:58
Salut Franck,
Travailler pour la musique d'un film est particulier.
Nous sommes d'accord sur ta première remarque, c'est d'abord le choix du réalisateur.
En ce sens c'est une commande, et tout travail de ce type demande au compositeur de s'adapter à l'univers du réalisateur.
Ici la musique doit servir le film et non l'inverse. Je comprend ce que tu veux dire, ce système marche sur les fims d'actions ou à grands spectacles.
Tiens, par exemple, je suis un fan de "Star Wars", je trouve que JOHN WILLIAMS fait très bien son office dans ce type de film. Ici la musique colle à l'image, parce que le film fonctionne sur ce type de ressort.
Dans une comédie dramatique, qui s'appuie sur des finesses de jeux et de rapports humains, ce système ne marche plus du tout et devient même très "casse-gueule".
On se rend compte, Martin et moi que le fait de ne pas travailler directement sur l'image apporte plus de libertés pour lui, et aussi finalement pour moi. Donc, il fixe un cadre, mais je peux bouger comme je le veux à l'intérieur, quoi de plus passionnant que de travailler sur l'intuitif et non au rendement !
En tous cas cela n'empêche pas le dialogue et parfois les contradictions, il m'arrive de lui proposer des choses qui sortent du cadre, et nous en discutons.
Je finirai par dire mon opinion sur les musiques de films "symphoniques", en général venues d'outre-manche et qui finissent par se ressembler toutes, JOHN WILLIAMS est tellement copié, qu'un jour, on ne saura plus si c'est lui qui a écrit les musiques et quel sera son style.
En tous cas merci pour ton avis, le blog doit servir aussi à ça, et rester ouvert au dialogue.
A bientôt sur le blog,
Denis.
Rédigé par : denis | 25 septembre 2006 à 15:36
Je tiendrais tout de même à signaler le talent du compositeur attitré de Tim Burton : Danny Elfmann, qui tout comme le réalisateur, a su créer un monde original et unique.
Sa musique ne me fait penser à aucune autre, je reconnais sa patte à coup sûr ;-) !
De "Beetlejuice" à "Charlie et la Chocolaterie" en passant par "Sleepy Hollow", "L'Etrange Noël de Monsieur Jack" ou le splendide "Edward aux Mains d'Argent", saluons la virtuosité de Danny Elfmann.
Rédigé par : Rémi Bétin | 25 septembre 2006 à 18:39
Bonsoir Rémi,
Merci de cette précision, je suis un fan absolu de Tim Burton et de Danny Elfmann, évidemment, aux USA il y a aussi tout le cinéma indépendant, je ne voulais pas être réducteur, on pourrait parler aussi de Jim Jarmush (Ghost Dog, Down by law, etc...) ou des excellents choix musicaux de Sofia Coppola...
A bientôt sur le blog.
Denis.
Rédigé par : denis | 25 septembre 2006 à 21:41
"On se rend compte, Martin et moi que le fait de ne pas travailler directement sur l'image apporte plus de libertés pour lui, et aussi finalement pour moi."
C'est intéressant comme méthode de travail.
Et de cette manière, je suis quasiment sûr que ça apporte plus de liberté comme tu le dis.
Donc on te donne un thème, et tu travaille sans les images?
En travaillant de cette manière, il faut vraiment que le réalisateur et le compositeur se connaissent vraiment très bien, car une telle demande ne peu pas être proposé à un compositeur que le réalisateur ne connais pas.
Mais je cautionne cette manière de travailler, car de cette manière le compositeur fait vraiment ressortir l'émotion, plutôt que de meubler les images avec une musique.
Mais le plus intéressant dans tout ça, c'est le statut de compositeur, car on doit être capable de s'adapter à toutes les demandes du réalisateur.
Encore faudrait-il qu'il ne soit pas trop exigeant. LOL
Je plaisante biensûr. De l'exigeance naît de grandes choses, et quand 2 grand esprits se rencontre, ils peuvent déplacer des montagnes.
Et votre relation amicale, à toi et au réalisateur, est une excellente chose, puisque qu'elle engendre une fusion émotionnelle que j'ai hâte de voir avec le film...
Rédigé par : Ancelin Franck | 25 septembre 2006 à 23:06