Fragile(s) est le 117ème film mixé par Vincent. Un chiffre qui paraît énorme, surtout lorsque l'on croise le gars. Des épaules de rugbyman, un regard franc et clair, un sourire de gamin… Aussitôt on se demande s'il n'a pas commencé à mixer avant même d'aller à l'école… Ou alors Vincent a un frère jumeau mixeur lui aussi et ils se répartissent le boulot… 117 films, c'est pas possible, il a plusieurs vies ou quoi? 117 films et non des moindres (évidemment vous l'avez deviné, je ne parle pas du mien…) : Delicatessen, Arizona dream, Little Buddha, le fabuleux destin d'Amélie Poulain… , trois couleurs : Bleu, Soleil trompeur…, et une sacrée pléiade de réalisateurs : Kieslowski, Mikhalkov, Oliver Stone, Jean-Pierre Jeunet, Claire Denis, Bernardo Bertolucci… J'en oublie bien sûr…. Comment Vincent a-t-il pu accepter de mixer mon film? Je n'en reviens toujours pas, surtout quand on connaît son emploi du temps. Je me souviens de notre première rencontre, le montage images avançait, nous avions déjà des dates de mixage en tête, mais pas de mixeur… Raphaële (ma monteuse!) qui a été notre intermédiaire, l'a appelé (je crois qu'ils ont été au lycée ensemble, un truc comme ça, j'ai vu une photo de classe…) et elle lui a proposé de venir voir le film en salle de montage.
Nous n'étions pas sûr de notre travail, le montage était loin d'être définitif, mais bon, s'il le voulait, il pouvait venir nous rencontrer et juger du film. Et puis voilà, ça s'est tout de suite bien passé avec Vincent, dans le regard, dans l'attitude, je ne saurai expliqué, il y a parfois des rencontres évidentes, celle-là en était une. On s'est bien entendu et il a accepté tout de suite de mixer le film. Je m'inquiétais de son emploi du temps, "t'en fais pas " il m'a dit "on va trouver une solution", et il a trouvé une solution… Vincent a des solutions à tous les problèmes, en fait il n'y a jamais de problème avec Vincent… Il est l'homme aux doigts d'or, il dose ses effets, spatialise les sons, fait naître et disparaître la musique… Vincent est toujours à l'écoute, il ressent le film et le met en valeur. Avec finesse, délicatesse, il accompagne le film. Il régnait une grande harmonie pendant le mixage. Je ne sais pas bien comment l'expliquer, mais nous allions tous dans le même sens, c'en était parfois étonnant, même. Nous n'avions pas besoin de beaucoup nous parler. Vincent officiait derrière sa console avec une concentration extrême (et avec une telle facilité!), Antoine le secondait, Fabien, le recorder, était attentif, et Raphaële et moi nous nous régalions… . On a bien ri aussi (cf les photos de la galette des rois!)
le mixage est une des dernières étapes de la fabrication d'un film et il était très agréable pour moi de le vivre de cette manière, avec douceur et conviction. Conviction que toute l'équipe autour de moi partageait. Je me suis senti plutôt bien, et rassuré. Je savais qu'ils ressentaient tous le film de la même manière que je le ressentais, que nous allions tous dans la même direction. Je n'avais pas besoin de convaincre ni d'expliquer. Alors l'homme aux doigts d'or, merci d'avoir si bien compris ce que je voulais, ce que le film impliquait, ce que je désirais…
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