Le temps file
Demain nous serons à la moitié du film. Je n'ai rien vu. Et tout à la fois je me dis qu'il me reste encore l'autre moitié du film à faire. La fatigue ne permet pas toujours de garder la tête froide. Je n'arrive à rien analyser. Je ne fais que constater en écrivant ces quelques lignes que le temps a fusé. Quelques flashes surgissent des souvenirs : l'avant tournage au Portugal (j'ai l'impression d'avoir dix ans de plus!), les temps d'attente dans le hall de l'hôtel "méridien" à Lisbonne, ces impressions fugaces attrapées au cours d'une prise particulièrement réussie, un sentiment de bonheur soudain, une émotion contenue, un peu de ces mots écrits qui s'échappent du papier et vivent devant nous, un peu de vie donc devant nos yeux, une magie je vous dis. Et puis ce film qui continue un serpent de mer, une autre histoire donc commencée avec deux autres comédiens. Paris, d'autres décors d'autres sensations. Des scènes plus dures, plus noires aussi, Marie et Jean-Pierre que je découvre, qui me découvrent aussi, la recherche de la justesse. Cette deuxième histoire est la rencontre improbable d'une junkie et d'un pharmacien tous les deux autistes au monde qui les entoure. Brève rencontre insolite, condensé de vie. Et de nouveau des tournages de nuit. Aucune scène n'est facile mais celles qui concernent la confrontation de ces deux personnages Yves et Nina nécessite un équilibre fragile. C'est le cas de le dire. La concentration de Jean-Pierre et de Marie avant les prises est intense. Plus le moment de tourner approche plus je les vois se refermer sur leur personnage, s'isoler, rechercher la justesse.
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